Bigmama

- Disposez !
Le général s'inclina bien bas et sortit de la salle d'audience.
Bigmama se leva en soupirant. La vie de souverain était dure, surtout sur une planète qui se formait juste. Le général venait de lui apprendre que l'entraînement des militaires avait doublé, mais c'était bien peu étant donné la production précédente.
Quand aux chercheurs, ils n'arrivaient pas à développer assez d'énergie pour équiper les vaisseaux de bouclier, ce qui empêchait la création de vaisseaux valables.
"Qu'est-ce que je fais là ?"
Il sortit de la salle d'audience par une porte dérobée et longea un couloir que lui seul connaissait. Il arriva à ses appartements, et se dirigea vers son hangar personnel. Il monta dans son L-02, le seul vaisseau qui avait pu être construit étant donné le peu de moyen et l'état rudimentaire des technologies. Il démarra le vaisseau et s'envola vers les étoiles.

Il se dirigea vers une galaxie lointaine de la sienne. Il avait été reculé en bordure de l'univers connu, le centre étant déjà occupé par des milliers de chefs de guerres. Il allait rejoindre un système solaire qu'il conaissait bien pour y avoir vécu la majeure partie de sa vie. Il en avait pour trois jours de voyage, mais peu lui importait. Ses ingénieurs étaient capables de se développer sans lui. Quand sa planète serait mieux développée alors il devrait s'y trouver pour gérer les opérations diplomatiques et militaires. Mais pour l'instant il n'avait aucune force de frappe et rien à piller dans ses hangars désespérément vides de ressources, ressources qui à peine extraites étaient utilisées.
Il enregistra les coordonnées où il se rendait sur l'orrdinateur de bord avant de s'allonger dans l'arrière de la cabine de pilotage, laissant le pilotage automatique du vaisseau le mener à destination.

Bercé par les douces vibration du vaisseau, il se laissa envahir par le sommeil. Les souvenirs le gagnèrent en rêve.
Il était né sur une planète isolée en périphérie de l'amas central,le regroupement de galaxies rassemblant les plus grosses organisations, et des empires immenses. Il avait grandi au milieu des ruelles habitées par les ouvriers, mineurs, employés dans les raffineries ou serviteurs du palais du seigneur de cette planète. Il était voué au métier de ses parents. Dès ses seize ans, il irait au palais de sept heures à vingt-et-une heure et serait un fidèle serviteur du tyran sans âme et sans coeur. Il se rendit compte de l'affreux avenir qu'on lui destinait à douze ans, l'âge où on commence à comprendre réellement le sens et l'importance des choses. Ses parents, déjà au service du roi, n'avait ni le temps ni la force de lui apporter leur amour. Aussi n'eût-il aucun regret à prendre une décision que peu d'enfants osent prendre. Il devait fuir son destin et la tyrannie...

Bigmama se réveilla et s'étira. Il ouvrit les yeux et les referma aussi tôt.
Il pensait à son passé quand soudain il y avait eu un éclaire de lumière, puis plus rien.
Il rouvrit les yeux, petit à petit, afin de s'habituer à la lumière vive qui éclairait la pièce dans laquelle il se trouvait. Il était sur un lit spartiate, dans ce qui avait tout l'air d'une cellule, puisque la porte était équipée d'une lucarne en verre et d'une petite trappe, par laquelle on avait justement du passé le plateau de nourriture sous la porte.
Il regarda son poignet et s'apperçut que sa holomontre avait disparu. Elle lui aurait permis non seulement de connaître la date et l'heure puisqu'il n'avait aucun indice sur le temps, et également de joindre ses troupes. Par prudence ses geôlier la lui avaient enlevés, mais tout appel aurait été futile puisqu'il ignorait totalement l'endroit où il pouvait se trouver.
Il se leva, chancela, avant de retrouver son équilibre. Il s'aprocha de la porte et s'empara du plateau, qu'il posa sur la petite table qui était, avec le lit, le seul mobilier, le coin de la cellule étant occupé par un lavabo et un cabinet de toilette. Il tira l'unique chaise et s'installa pour manger.
La porte s'ouvrit avant qu'il n'ait eu le temps d'avaler la première bouchée...

N'ayant aucune occupation à disposition, Bigmama déposa le plateau au pied de la porte, et s'allongea afin de reprendre l'activité qu'il pratiquait avant d'être attaqué.

Son enfance s'était terminée au moment même de sa décision. Il fallait être autonome et vif pour affronter la vie seul. Il n'hésita aucun moment.
Il vola un vaisseau dans le spatioport du palais. Jamais il n'avait eu aussi peur, mais son but était si beau qu'il se refusait de s'abandonner à une vie misérable. Il avait évité les gardes, avait dû en assomé un, et s'était enfin glissé dans un minuscule vaisseau, le seul aux commandes assez simples pour qu'il sache le manier. Il avait décolé, faisant fi de la jauge de carburant presque vide. Le patrouilleur de l'aéroport qu'il avait assomé ne manquerait pas, dès son réveil de le faire arrêter.
Les tourelles de défenses avaient aussitôt commencé à tirer. La balistique des machines était précise, mais Bigmama était trop déterminé. Il n'hésita pas à faire des figures acrobatiques qu'il n'imaginait pas possibles, afin de sauver sa vie.
Quand il fut hors de portée, il s'arrêta en apesanteur, coupant le contact, économisant ainsi le peu d'essence qu'il lui restait. Il était encore trop bas pour que les patrouilles spatiales l'aperçoivent aussi décida-t-il de se reposer. Il était à peine midi, mais les émotions l'avaient épuisés.

A son réveil il se rendait compte d'une erreur pardonnable pour un enfant de douze ans, mais qui pourrait lui coûter cher.
Il était parti sans nourriture et sans eau...